Haïti : la loi des gangs

76 gangs différents sont officiellement recensés dans le pays. Pour se financer, certains se sont lancés dans le kidnapping. Au mois d’avril, deux religieux français ont été enlevés pendant 19 jours et libérés contre rançon. Dix personnes sont enlevées chaque jour dans les rues de Port-au-Prince. Ce climat d’insécurité permanente provoque une véritable psychose chez les Français. Le plus puissant chef de gang du pays est surnommé “Barbecue”. Sa spécialité : brûler vivants des gens dans leur maison. Il fédère neuf organisations criminelles de la capitale. Nous l’avons rencontré. Cette guerre des gangs est aussi politique. À quelques mois des élections présidentielles, certains groupes armés rouleraient pour le pouvoir en place et d’autres pour l’opposition.
Cette instrumentalisation de la violence par les politiques est une vieille histoire, en Haïti. Dans les années 1950 à 70, le dictateur François Duvalier avait ses milices, les tristement célèbres Tonton Macoutes. (Son fils Jean-Claude les a employés, jusqu’à sa chute, en 1986.).
Au début des années 2000, le président de gauche Jean-Bertrand Aristide avait recruté des hommes de main pour terroriser la population, les “Chimères”. Depuis un demi-siècle, l’état est en faillite. Le tremblement de terre de 2010 n’a pas arrangé les choses. 300.000 morts, 300.000 blessés, selon les autorités. Les milliards de l’aide internationale se sont en grande partie évaporés dans la corruption. De nouveaux bidonvilles se sont créés sur les hauteurs de Port-au-Prince. Dans les quartiers pauvres, les gangs ont peu à peu remplacé l’état. L’actuel président, Moïse Jouvenel, gouverne par décret. Il n’a plus de Parlement.
Une grande partie du pays le considère comme illégitime. Plongée dans un pays, au bord du chaos, où les gangs font la loi.
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